Financer l'internationalisation des PME et ETI : Sécuriser ses projets grâce aux garanties contractuelles et aux instruments juridiques

L’internationalisation représente une opportunité stratégique majeure pour les PME industrielles et multisectorielles souhaitant croître et diversifier leurs marchés. Pourtant, franchir les frontières expose l’entreprise à de nouveaux risques financiers, commerciaux et juridiques, notamment dans l’accès au financement. Découvrez notre dossier complet.

JURIDIQUESTRATÉGIE

brown and white concrete building
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L’internationalisation constitue aujourd'hui une étape incontournable pour toute PME ambitieuse. Conquérir de nouveaux marchés, diversifier ses sources de revenus ou capter de nouveaux savoir-faire impose cependant d’importants investissements. Or, financer ces projets à l’international présente des difficultés spécifiques : au-delà du simple risque de crédit, la distance, la diversité des régimes juridiques, la volatilité économique locale ou encore la difficulté d’exécution judiciaire rendent les financeurs naturellement réticents.

Dans cet environnement complexe, la capacité d’une entreprise à sécuriser ses financements devient un critère déterminant. Elle repose en grande partie sur la mise en place d'instruments juridiques solides : garanties contractuelles, sûretés sur actifs, lettres de crédit, fiducies-sûretés. Ces mécanismes ne sont pas seulement des outils de précaution ; ils sont souvent la condition même de l'accès au crédit ou à l’investissement.

Chapman & Chapman, cabinet de conseil en stratégie intégré 360°, éclaire ici les dirigeants d'entreprise sur les mécanismes essentiels pour sécuriser efficacement leur financement international.

Comprendre le besoin de sécurisation dans le financement international

La nature même d’une opération d’internationalisation accentue les risques pour toutes les parties prenantes. D’abord, le risque économique : en l'absence de connaissance fine du marché local, les estimations de rentabilité peuvent se révéler fragiles. Ensuite, le risque juridique : tout projet international implique une confrontation avec des législations étrangères, dont les spécificités (procédures de recouvrement, droit des sûretés, droit de l’insolvabilité) peuvent complexifier la protection du créancier. Enfin, le risque politique ou réglementaire local, plus difficilement maîtrisable, ajoute une couche d'incertitude que peu d’investisseurs ou de banques sont prêts à assumer sans contrepartie.

Pour ces raisons, les financeurs exigent désormais que les projets soient structurés autour de dispositifs juridiques renforcés permettant de sécuriser les flux financiers, d’affecter des actifs en garantie, ou d'impliquer des tiers garants fiables.

Les instruments juridiques de sécurisation – Panorama complet

Sûretés réelles : garantir par des actifs

Le premier levier de sécurisation passe par la constitution de sûretés réelles sur les actifs de l’entreprise. Ces sûretés prennent plusieurs formes selon la nature du bien garanti. Lorsqu’il s'agit de biens immobiliers, le recours à l'hypothèque est classique : elle offre au créancier un droit de préférence sur le produit de la vente de l’immeuble en cas de défaillance. Pour les biens mobiliers (équipements industriels, stocks, brevets, créances), le nantissement permet d’obtenir un droit similaire, moyennant le respect de formalités précises selon la juridiction. En droit français, le nantissement de fonds de commerce ou de créances, ou le gage sur stock, exigent par exemple des inscriptions spécifiques, alors qu'aux États-Unis, une déclaration unique dans le registre UCC centralise l'ensemble des sûretés mobilières.

La clause de réserve de propriété représente également une protection particulièrement adaptée au commerce international : le vendeur conserve la propriété du bien livré jusqu’au paiement intégral, facilitant ainsi sa récupération en cas d’impayé. Cette clause est largement reconnue dans les juridictions européennes, bien qu’elle doive parfois être enregistrée, comme en Suisse. Toutefois, aux États-Unis, la réserve de propriété est juridiquement assimilée à une sûreté mobilière qui doit être rendue opposable par dépôt d’une déclaration UCC-1.

La pratique montre que les sûretés réelles demeurent la principale attente des banques lorsqu'elles financent un projet d’internationalisation. En effet, elles constituent une garantie tangible et prioritaire, appréciable même en cas de défaillance généralisée de l’emprunteur.

Sûretés personnelles : impliquer des garants fiables

Lorsque l’actif offert en garantie est insuffisant ou difficile à mobiliser, les financeurs exigent fréquemment des sûretés personnelles. Le cautionnement traditionnel engage une personne physique ou morale, souvent un dirigeant ou la société-mère, à régler la dette en cas de défaillance de l’entreprise emprunteuse.

Si le cautionnement est un outil puissant, il obéit en France à un formalisme strict, notamment l’exigence d’une mention manuscrite pour protéger la caution personne physique. Ce formalisme n’existe pas en common law, où la simple signature d’un engagement suffit. Cependant, la caution anglo-saxonne est en contrepartie exposée à une obligation de paiement beaucoup plus rigide.

L'une des alternatives modernes au cautionnement est la garantie autonome ou la lettre de crédit stand-by. Ici, l'engagement est indépendant de la dette principale : le garant, souvent une banque, s'oblige à payer le bénéficiaire sur simple demande, sans pouvoir invoquer les éventuels litiges sous-jacents. Cette logique d'indépendance renforce considérablement la sécurité du créancier, qui peut obtenir le paiement rapidement, sans contentieux. Elle explique pourquoi la stand-by letter of credit est devenue un instrument standard dans les opérations de financement internationales.

Instruments spécifiques : garantir les flux commerciaux

Dans le commerce international, la sécurisation des paiements passe souvent par l’utilisation de crédits documentaires ou de lettres de crédit stand-by. Le crédit documentaire classique sécurise la transaction en conditionnant le paiement à la remise de documents conformes (connaissement maritime, facture certifiée, certificat d’assurance). Quant à la lettre de crédit stand-by, elle sert de filet de sécurité, activable en cas de défaillance.

Ces instruments reposent sur des standards uniformisés par la Chambre de Commerce Internationale (notamment les Règles et Usances Uniformes n°600 pour les crédits documentaires et ISP98 pour les stand-by L/C), assurant ainsi une reconnaissance internationale et un cadre opérationnel maîtrisé.

Fiducie-sûreté et trust : sécuriser des financements complexes

La fiducie-sûreté, introduite en droit français en 2007, offre une solution particulièrement performante pour sécuriser des financements stratégiques. En transférant temporairement la propriété d’actifs à un fiduciaire, l’entreprise constitue un patrimoine séparé, insaisissable par ses autres créanciers. Ce montage est comparable au trust de garantie largement pratiqué dans les juridictions de common law.

La fiducie-sûreté se révèle précieuse pour sécuriser des financements transnationaux complexes, en particulier ceux impliquant des investisseurs institutionnels ou des consortiums bancaires.

Structurer efficacement un financement international sécurisé

La structuration d'un financement sécurisé repose avant tout sur l'adéquation entre le profil du projet et les instruments de garantie déployés.

Pour un financement d’exportation ponctuelle, la combinaison d’un crédit documentaire confirmé et d’une assurance-crédit export peut suffire à couvrir les risques. Lorsqu’une implantation étrangère est envisagée, un prêt bancaire local adossé à une garantie bancaire internationale, complété par des sûretés locales (hypothèques, nantissements), s'avère souvent nécessaire.

Dans les opérations d’acquisition ou de croissance externe, la pratique consiste à sécuriser les financements par des fiducies-sûretés sur les actifs stratégiques de la cible et par des garanties personnelles de la société-mère. Lorsqu’un financement syndiqué est mis en place, la nomination d'un agent des sûretés centralisant la gestion des garanties dans plusieurs juridictions s'impose pour éviter les conflits d'intérêts et harmoniser la réalisation des sûretés.

Enjeux juridiques critiques et différences entre juridictions

La sécurisation des financements internationaux impose de naviguer dans une mosaïque de régimes juridiques. Les formalités de publicité des sûretés, la portée des garanties personnelles, l'exécution des garanties en cas d'insolvabilité et la reconnaissance transfrontalière des jugements varient considérablement d'un pays à l'autre.

Aux États-Unis, par exemple, une sûreté mobilière dûment enregistrée offre au créancier un droit prioritaire quasiment incontestable, tandis qu’en Europe, les formalités restent fragmentées selon les États membres. La fiducie-sûreté française permet de protéger efficacement les actifs affectés même en cas de procédure collective, alors qu’en Suisse, faute de législation sur la fiducie, les praticiens recourent au transfert fiduciaire inspiré du droit allemand.

Le choix de la loi applicable et du tribunal compétent constitue un paramètre déterminant : il est fréquent d’opter pour la loi de New York ou la common law anglaise, réputées stables et favorables aux créanciers. L'arbitrage international offre également une sécurité renforcée, notamment grâce à la Convention de New York de 1958 qui facilite l’exécution des sentences arbitrales dans plus de 160 pays.

Les meilleures pratiques pour sécuriser son financement

La réussite d'un financement international sécurisé repose sur une combinaison intelligente de plusieurs outils juridiques. Il est recommandé de multiplier les garanties (actifs, personnels, assurances) afin de diversifier les sources de protection. L’adaptation aux régimes juridiques locaux est essentielle : une clause de réserve de propriété efficace en Allemagne peut se révéler inefficace au Royaume-Uni si elle n’est pas correctement intégrée au contrat.

La rédaction contractuelle doit être rigoureuse : la frontière entre cautionnement et garantie autonome, par exemple, reste délicate et peut entraîner des requalifications préjudiciables. Enfin, la gouvernance des sûretés doit être pensée dès l’origine, en prévoyant la désignation d’agents spécialisés capables de gérer la réalisation transfrontalière des garanties en cas de besoin.

Conclusion

Le financement international des PME et des ETI est aujourd'hui indissociable de la capacité à sécuriser juridiquement les engagements pris. Dans un environnement marqué par l'incertitude économique, la diversité des systèmes juridiques et la prudence accrue des investisseurs, la maîtrise des garanties contractuelles devient un impératif stratégique.

Chapman & Chapman mobilise ses expertises en stratégie, management, juridique et coaching pour accompagner les entreprises à 360°, de la structuration de leur projet jusqu'à sa sécurisation juridique complète.


Parce que réussir son financement international, c’est avant tout réussir la sécurisation de son développement.

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