Sponsoring d’entreprise : bonne idée pour réduire vos impôts ?

De plus en plus d’entreprises — notamment industrielles — choisissent de sponsoriser des clubs sportifs, des associations ou des événements pour renforcer leur visibilité et leur ancrage local. Mais au-delà de la communication, le sponsoring peut aussi avoir un impact fiscal. Encore faut-il que l’opération soit correctement structurée.

FISCALITÉ

10/10/20255 min read

a close up of a paper with a pen on it
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De plus en plus d’entreprises — notamment industrielles — choisissent de sponsoriser des clubs sportifs, des associations ou des événements pour renforcer leur visibilité et leur ancrage local.

Mais au-delà de la communication, le sponsoring peut aussi avoir un impact fiscal dans la mesure où l'opération est correctement structurée.

Alors, le sponsoring est-il une bonne idée pour réduire vos impôts ?

Oui, mais à condition de respecter les règles très précises du droit fiscal français.

1. La déductibilité du sponsoring : un principe sous conditions

En principe, les dépenses de sponsoring peuvent être déduites du résultat imposable si elles remplissent les conditions de l’article 39 du Code général des impôts (CGI).

Cet article prévoit qu’une dépense n’est déductible que si elle :

  • est engagée dans l’intérêt direct de l’exploitation,

  • correspond à une charge effective et justifiée,

  • et est comptabilisée dans l’exercice au cours duquel elle a été engagée.

Autrement dit, il ne suffit pas de verser une somme à un club ou à un athlète : il faut démontrer que cette dépense a servi l’activité de l’entreprise.

Les dons purs et simples (libéralités) ne sont donc pas déductibles, sauf s’ils présentent un intérêt commercial direct.

L’administration et les tribunaux apprécient cette condition au cas par cas, selon les circonstances de l’opération (BOI-BIC-CHG-40-20-40 §310).

2. Ce que dit la jurisprudence : des critères stricts

Les juges rappellent régulièrement que les dépenses de sponsoring ne sont admises en déduction que si elles remplissent plusieurs conditions cumulatives :

  • elles doivent promouvoir l’image ou le développement commercial de l’entreprise ;

  • elles doivent assurer l’identification du sponsor (logo, nom, communication visible) ;

  • elles doivent être proportionnées à la contrepartie obtenue ;

  • et elles doivent être justifiées par des éléments concrets : contrats, factures, photos, rapports, articles, attestations, etc.

Exemples récents :

  • TA Rouen, 26 juillet 2024, n° 2202486 : rejet de la déduction, faute de preuves suffisantes de visibilité effective.

  • CAA Lyon, 6 juillet 2022, n° 20LY02700 et 20LY02701 : dépenses refusées car l’entreprise n’avait pas démontré l’intérêt direct ni assuré son identification comme sponsor.

  • CAA Lyon, 5 janvier 2023, n° 20LY00986 : rejet car la société n’exerçait plus d’activité économique au moment du versement.

  • CE, 5 novembre 2014, n° 13-84.742 : à l’inverse, la déduction a été admise pour un casino ayant financé des sociétés chargées d’attirer la clientèle, car l’intérêt commercial était démontré.

En pratique, la simple existence d’un contrat de sponsoring ne suffit pas : il faut prouver la réalité de la prestation et l’avantage concret obtenu.

3. Les risques de requalification et leurs conséquences fiscales

Lorsque les conditions de déductibilité ne sont pas respectées, l’administration peut requalifier la dépense en libéralité, donc non déductible.

La première conséquence est la réintégration de la somme au résultat fiscal, ce qui augmente directement la base imposable de l’entreprise.

Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là :

  1. Réintégration dans le bénéfice imposable

    La charge est réintégrée dans le résultat fiscal si elle n’est pas engagée dans l’intérêt de l’entreprise.
    CAA Versailles, 7e ch., 27 mai 2014, n° 11VE00628 ;
    CAA Lyon, 2e ch., 8 janvier 2019, n° 18LY00288.

  2. Majoration de 40 % pour manquement délibéré

    Si l’administration considère que l’entreprise a agi sciemment, une majoration de 40 % est prévue par l’article 1728 du CGI.
    CAA Lyon, 2e ch., 8 janvier 2019, n° 18LY00284.

  3. Distribution occulte et absence de désignation du bénéficiaire

    Si les sommes sont assimilées à des distributions occultes, l’entreprise peut être sanctionnée pour non-désignation des bénéficiaires, conformément à l’ancien article 1763 A du CGI.
    CAA Versailles, 1re ch., 18 juin 2013, n° 11VE02186.

  4. Sanctions aggravées en cas de fraude ou de mauvaise foi

    En cas de manœuvres frauduleuses, d’abus de droit ou de mauvaise foi caractérisée, des majorations spécifiques peuvent s’appliquer.
    → §INT-1014340 ; BOI-INT-DG-20-30-20 §130.

Les sanctions peuvent ainsi aller de la simple réintégration fiscale à des majorations de 40 % ou plus, voire à des amendes spécifiques en cas de distribution occulte.

4. Sponsoring, mécénat ou publicité : des régimes distincts

Il est essentiel de distinguer trois notions voisines mais très différentes fiscalement :

  • Le sponsoring implique une contrepartie réelle (promotion, visibilité, image de marque). Il est déductible s’il répond aux conditions de l’article 39 du CGI.

  • Le mécénat repose sur une démarche désintéressée, sans contrepartie directe. Il n’est pas déductible, mais ouvre droit à une réduction d’impôt (article 238 bis du CGI).

  • La publicité est une opération commerciale directe (achat d’espaces, campagnes, médias). Elle est déductible de plein droit, sans exigence particulière de proportionnalité.

Une erreur de qualification peut suffire à remettre en cause la déduction d’une dépense de sponsoring.

5. Les bonnes pratiques pour sécuriser vos opérations de sponsoring

Pour éviter tout risque de requalification, quelques précautions sont indispensables :

  • Formaliser un contrat précis décrivant la nature des prestations, les obligations du bénéficiaire et la durée du partenariat.

  • Conserver tous les justificatifs : factures, preuves de visibilité, photos, vidéos, publications, statistiques, bilans d’événements, etc.

  • Mesurer la contrepartie réelle : la dépense doit être proportionnée à la visibilité et au bénéfice attendu.

  • Vérifier la cohérence du montant avec le chiffre d’affaires et la stratégie commerciale.

  • Être vigilant pour les opérations internationales : lorsque le bénéficiaire est établi dans un pays à fiscalité privilégiée, l’article 238 A du CGI impose au sponsor de prouver la réalité et la valeur normale de la prestation.

6. En conclusion : un levier utile, à manier avec rigueur

Le sponsoring peut être un levier puissant de communication et d’optimisation fiscale, mais uniquement lorsqu’il s’inscrit dans une stratégie d’entreprise cohérente, documentée et mesurable.

Sans preuve concrète de l’intérêt commercial, la dépense sera requalifiée — et l’économie d’impôt se transformera en redressement majoré.

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Chez Chapman & Chapman, nous accompagnons les dirigeants de PME et TPE industrielles dans la structuration juridique et fiscale de leurs opérations de sponsoring et de communication.

Notre approche allie :

  • une lecture stratégique et financière de la dépense,

  • une analyse juridique et fiscale détaillée,

  • et un accompagnement opérationnel pour documenter et sécuriser la déductibilité.

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